La douche froide

Comme toute grande révélation, celle-ci a débarquée en toute incongruité. M’apprêtant à prendre une douche, je faisais couler l’eau depuis plusieurs minutes déjà afin de pouvoir m’y glisser sous une température qui ne me ferait point hérisser le poil, lorsque, tendant la main inlassablement, deux conclusions vinrent à mon esprit. Soit mes phalanges avaient perdu toute sensibilité à la chaleur, ou alors le problème était mécanique et relevait d’une tuyauterie mal ajustée. Quoiqu’il en soit, je ne me voyais pas prendre cette douche en l’état !

 

Frustré et frissonnant, j’étais sur le point de m’affranchir de ma propreté pour m’orienter vers des senteurs de substitution, quand me revint en mémoire quelques paroles entendues ici et là. « Il paraît que l’eau froide faire rajeunir la peau ! ». Prenant au pied de la lettre cette assertion et mon courage à deux mains, je me mis en tête de prendre une véritable douche de Jouvence. Cette idée saugrenue me fournit le courage, l’élan nécessaire et suffisant pour me mettre sous le froid du projecteur … mais pas plus de 5 secondes. Passé cet interminable délai, je m’extirpais de ce maudit arrosage pour me diriger, tout grelotant, vers le miroir afin d’y admirer jeunesse retrouvée.

 

La déception fut à la hauteur de l’attente sous le jet, néanmoins cet évènement eut le mérite de piquer … ma curiosité.

 

Ainsi, me suis-je mis à chercher, lire et me documenter afin de savoir où nous en étions sur les connaissances des mécanismes du froid. Pouvait-il représenter une aide à la récupération ? Les bienfaits sont-ils physique, psychologique ou bien les deux ? Et surtout, pourquoi le froid est-il si froid ?

 

Et au détour de mes pérégrinations scientifiques, je suis tombé sur le livre « Tout ce qui ne nous tue pas » qui relate l’expérience de Wim Hof. Véritable gourou du glacé, cet homme voue un culte au froid depuis qu’il a plongé dans une eau gelée étant plus jeune afin de sauver une personne en péril.

 

Héritant du surnom d’ « Homme de glace », il développa sa propre théorie sur les effets du froid en partant du postulat que, de nos jours et dans nos pays industrialisés, nous ne souffrons plus des maladies liées aux carences mais relatives aux excès. Le corps n’a plus à combattre les conditions extérieures et devient, dès lors, moins adaptable lors de changements. Un entrainement environnemental s’avère nécessaire si l’on veut entretenir ces fonctions qui lui permettront cette flexibilité. Ainsi, le soumettre au froid déclenchera le processus de réchauffement. Les vaisseaux sanguins éloignés des organes vitaux vont se resserrer (vasoconstriction) et le rythme cardiaque s’accélérer. Pendant que le système circulatoire s’exerce, nos tissus adipeux bruns brûleront les calories stockées afin de créer de la chaleur. Ce gras brun ou « bon gras » augmentera au fur et à mesure que notre corps sera soumis à de basses températures.

 

Réapprendre à s’adapter, telle est le cheminement conduisant à plonger dans le froid selon l’auteur. Et je dois dire que j’abonde dans ce sens moi qui, peu à peu, me suis mis à expérimenter ces instants glacés sous la douche au point de ne plus pouvoir m’en passer dorénavant. J’adore cette sensation le matin où je sens les muscles se réveiller, le cerveau entrer en vigilance. Le moral et la tonicité sont aussi deux bienfaits du froid (la cryothérapie a aussi de nombreux effets sur le bien-être) qu’il convient donc de ne plus craindre mais apprivoiser puis apprécier.

 

 

Mais maintenant il est l’heure du bain, et celui que j’ai fait couler avant de finir cet article doit être froid maintenant. Finalement je me dis que ce n’est pas plus mal. Peut-être même que j’y ajouterais quelques glaçons pour une température plus fraiche, et une meilleure dégustation. Et avant d’y pénétrer, d’avoir le souffle haleté un court moment puis de m’adapter, je me dirais que tout cela vaut bien le coup de trinquer un peu … pour ma bonne santé. 

"Brrrrrrr il fait froid !"

En ces premiers jours de Décembre,

il faut croire que tout le monde n’a que

ces mots-là à prononcer du bout des

lèvres gercées  ...