Mon marathon de Shanghai

Récit de la course. Pourquoi et comment l'ai-je réalisé en marchant ?

Nouveau continent, nouvelle culture mais toujours la même distance parcourue comme aux 4 coins du monde. C’est avec ce paradoxe en tête que je me suis rendu au marathon de Shanghai, mais si l’unité de mesure est équivalente, le parcours, l’approche de la course, la culture y sont forcément différents. Le mode d’inscription est quant à lui identique, et je n’ai pu obtenir le précieux sésame. Force est de constater que la Chine s’éveille à la course à pied ou alors, qu’une manifestation ouverte à 35 000 personnes représente bien peu de places pour une mégapole de 30 millions d’habitants.

Fidèle parmi les fidèles j’étais néanmoins décidé à vivre l’évènement, et n’ayant pu me substituer à un autre participant, n’ayant pu dérober de dossard à un chinois en pleine dégustation de rouleau de printemps, je me suis décidé à vivre l’expérience en tant que spectateur, et si cela semble revêtir plus de confort d’être de l’autre côté de la barrière, mon avis est beaucoup plus nuancé après cette expérience, et vient relativiser plusieurs assertions.

 

 

Le spectateur n’a pas besoin de préparation spécifique ! Mon téléphone portable m’indiquant une distance parcourue de 20km800 ce jours-là me prouve que oui. Le parcours est sinueux pour qui veut suivre, se rendre à plusieurs endroits de la course pour y voir l’ambiance, l’allure des coureurs. Et la voie pour les runners se dressant telle une muraille, il est mieux de rechercher en amont les tunnels ou ponts qui permettront plus facilement de se rendre d’un point à un point (1).

 

 Le spectateur bat lui aussi le pavé et se doit d’avoir un matériel adapté. Je n’évoque pas ici Nok et sparadrap, mais chaussure de marche et sac à dos ergonomique pour y mettre son ravito, car pour lui, il n’y a pas de quoi de sustenter tous les 5kms ! 

C’est ainsi que j’ai découvert la « ville en amont de la mer » (2), non pas en courant mais en serpentant autours du parcours, ne pouvant éviter les détours et photographiant la marée humaine foulant le bitume d’un pas de moins en moins léger.

Un départ le long du fleuve Huangpu nous fait admirer la perle de l’Orient (3), puis vient Nanjing Donglu, le Times Square de la ville, qui à cette heure de la course (départ donné à 7h !) ne donne pas toute sa mesure, et il en va de même du public, très présent, mais qui est, tout comme les coureurs, encore en phase d’échauffement ou plutôt réchauffement avec ce cocktail pluie, vent, froid.

Nous laissons ensuite le temple Jing’An sur notre droite pour nous diriger vers l’ex-concession française (4), ses restes d’architecture coloniale et la fin de parcours … pour la course des 10km. Le marathon va ensuite épouser la courbe du fleuve et descendre vers le sud de la ville.

 

Je quitte ici les coureurs pour les retrouver au 25ème km. D’ici là, le tracé aura été plutôt roulant, tout comme l’ensemble de l’épreuve d’ailleurs. A la sortie du métro, j’aperçois déjà une foule plus compacte et bruyante, la possibilité de voir les participants doublement (la course, entre le 26ème km et le 39ème, étant constituée d’un aller-retour sur la même route) n’y est sans doute pas étrangère. Allochtone, je le deviens de moins en moins en apprenant la version locale de « Allez !», « Jiāyóu ! », je me prête au jeu des encouragements, j’observe ce qui m’entoure, et c’est ici qu’en tant que spectateur, je réalise encore plus que je fais partie intégrante de la course (voir mon article : Le charme de l'à côté).

En regardant ma montre, je constate que celle-ci a débutée depuis maintenant 3h10, et par un étrange raisonnement, je me dis que je peux atteindre la ligne d’arrivée dans un temps proche de mon record. Comment ai-je pensé cela ? Quel intérêt ? Il ne m’appartenait pas d’y réfléchir, et c’est ainsi que d’un pas allant, je voyais le stade olympique se rapprocher rapidement. Mais la suite devait s’avérer plus compliquée, car après avoir fait le tour complet de l’enceinte sportive (ce qui m’aura pris 35min environ), je dû me résoudre au fait que seuls les coureurs avaient le droit d’entrer afin d’y franchir la ligne d’arrivée. Et à bien y réfléchir (cela me semble plus utile cette fois), cela restera mon unique regret sur cette très belle course de l’autre bout du monde, car ce moment de partage entre coureurs et spectateurs aura ce léger goût d’inachevé pour moi.

 

Notes :

(1)   (1) Les idéogrammes ne sont pas la traduction de « A » et « B » mais ne sont qu'une approximation de plus de l’auteur pour embellir l’article

(2)   (2) signification du mot « Shanghai »

(3)   (3) Tour de télévision et symbole de la ville (située dans le quartier d’affaire du Pudong)

 

(4)   (4)  Après la guerre de l’opium, Shanghai fut découpée et certains quartiers furent céder aux autorités américaine, française et anglaises en 1848

 

Voir l'article connecté :

Le charme de l'à côté

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