Une dette d'odeur

Quand la course à pied vient à vous manquer ...

départ running sous les applaudissements

Déjà ankylosé des maxillaires, confinement et canapé avaient pactisé afin d’atrophier mes quelques muscles restants, finissant par donner des contours anachroniques à l’expression « ParoledeCoach ».

 

Etre étendu à défaut d’être entendu, tel pourrait devenir le slogan de l’adepte de la course à pied dont les déplacements brefs, dans la limite d'une heure quotidienne ne suffisent pas à étancher sa soif d’espace et de temps, le muant ainsi dans une horizontalité léthargique en manque d’endorphine, quand la nature voulu qu’il se redresse, cours et exulte.

 

La position allongée reste néanmoins un haut lieu d’occupation, où, entre sieste et réflexion, le cerveau, avec le temps comme principal allié, reste le seul à s’activer. Si dans un sommeil, même léger, vous pouvez vous retrouver sur les hauts plateaux d’Iten, à courir au milieu d’un groupe de Kényans tout en étant muni de claquettes et d’un masque de la Casa de Papel, la phase de veille donne corps à ses envies de planifier, de se projeter, elle nourrit l’imagination et stimule l’impatiente de se bouger.

 

Je devais garder en moi ce fol espoir né de ma sieste passée où, malgré certaines incongruités de mon bulbe vagabond, mon corps hurlait sa satisfaction à se mouvoir, ma peau transpirait de joie et mes poumons respiraient le bonheur. Toute cette légèreté ne tenait pas uniquement dans l’activité de course à pied. Dans ce rêve, aussi, je partageais, j’étais avec autrui. Il ne s’agissait pas de courir plus vite, de battre sa meilleure performance, de dépasser l’autre, mais d’une mise en commun de nos émotions afin de vivre et de sourire ensemble.

 

Désirant reprendre pleinement part un jour à cette fête, je pris conscience que je devais redonner à mon corps ses lettres de souplesse. Je me levais d’un sautillement, enfilant à la hâte mes vêtements de course en oubliant sciemment de mettre mon cadran autour du poignet. Je ressenti comme un frémissement en laçant mes chaussures, chaque élément semblait retrouver sa place, son utilité à travers cette passion immuable qui est inscrite en moi.

 

Je me sentais de nouveau prêt à retrouver ce parfum égaré. Calme et immobile devant chez moi, une légère brise se mis à caresser mon visage surpris par cette douceur oubliée. Une profonde inspiration accompagna la fermeture de mes yeux, me plongeant ainsi à la recherche de cette sérénité qui attendait ce bon moment pour ressurgir. Je me vis alors sur la ligne de départ, face à l’inconnue d’une épreuve et son excitation. La sono était à fond et diffusait des musiques plus motivantes les unes que les autres, le speaker haranguait les coureurs afin de leur donner ce supplément d’âme pour qu’ils aillent au bout de leur effort, et les entraineurs … entrainaient.

 

 

Autour de moi de gens bondissaient, s’étiraient, discutaient, chacun retrouvant ses petits rituels d’avant envol, et la somme de toutes ces altérités ne formait qu’un. Un bonheur d’être ensemble, un sourire, une envie de partager, une reconnaissance pour ce qu’autrui t’apporte …  Je sentais qu’il était bientôt temps de partir, quand le public se mis soudain à la fenêtre pour applaudir. Un frisson me parcouru, il était 20h et le départ … venait d’être donné

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Commentaires: 3
  • #1

    Nono (jeudi, 30 avril 2020 20:17)

    La plume retrouvée...
    Bises

  • #2

    Jean Stéphane... (vendredi, 01 mai 2020 18:40)

    Courage tu vas bientôt reprendre ton sport préféré .

  • #3

    ParoledeCoach (samedi, 02 mai 2020 17:51)

    Merci :)