Ex fan des 90's

A la recherche de la naissance de la course à pied en France

Ceci est une reconstitution d'un coureur des années 90
Ceci est une reconstitution d'un coureur des années 90

Il a enfilé son pantalon de survêtement bien trop ample, son tee shirt dont la taille aurait pu laisser croire qu’il était à manches longues, et les conditions climatiques ne lui ont données le choix de revêtir son sweat à capuche. Pour les chaussures il n’y eu aucune hésitation, mais ceci était inéluctable lorsqu’on n’en possède qu’une paire bien trop lourde et usagée. Il ne lui restait plus qu’à se parer de son brassard anti-transpiration et mettre en route son walkman pour être fin prêt à y aller. L’objectif de ce dimanche était de sortir environ 45 minutes, pour la distance, il était en revanche peu aisée de l’estimer.

 

C’est ainsi que l’on courrait dans les années 90, tout paraissait plus approximatif ou plutôt, n’était que balbutiements. Les rayons, quand ils existaient, n’étaient encore que peu fournis chez les vendeurs spécialisés dans les articles de sport. La course à pied ne s’érigeait pas en sport de masse ou plutôt de mode, le look était plus affaire d’improvisation, d’assemblage, où le côté « à l’aise » prenait souvent le pas sur le chic. Il n’était d’ailleurs pas question de running, mais de jogging ou encore de footing, bref, d’une activité occasionnelle qui s’apparentait plus au sport du « dimanche ».

 

La définition était aléatoire, le vocabulaire pas tout à fait spécialisé car le coureur à pied était une personne à part, intriguant passants prompts à s’interroger sur le pourquoi du comment. Courir se faisait généralement à l’intérieur d’un stade et n’était pas encore ce plaisir solitaire si répandu aujourd’hui.

Mon oncle s’y est mis comme ça, parce qu’on commençait à courir de ci de là. Un mouvement venu des Etats-Unis apparaissait, on courrait de plus en plus souvent, on investissait les rues, les parcs, les forêts, et on se fixait des objectifs. Alors, après quelques années de course à pied, l’idée du marathon longtemps repoussée a surgi, et l’épreuve s’est inscrite dans son calendrier. De mon côté quand je le voyais, je n’hésitais pas à lui rappeler qu’il valait mieux courir après un ballon, qu’il y avait là bien plus d’utilité, d’intérêts … on peut dire que, fort heureusement, mon discours dénué de sens a un peu évolué depuis !

 

 

Si le running n’est pas né dans cette décennie, c’est sans doute ici qu’en France tout a commencé. On courrait utile, notre effort se mesurait à la taille des auréoles tracées sur l’équipement en coton, et non à l’indication d’une montre GPS, notre parcours se relisait sur une carte, et notre débriefing d’entrainement se faisait avec qui voulait bien l’écouter, femme, amis ou animal de compagnie, et non au travers d’un selfie.

Courir en musique pesait lourd à l'époque !
Courir en musique pesait lourd à l'époque !

Tout n’était pas mieux avant, juste différent. C’était le début de l’histoire, le terreau à une pratique de grande ampleur où jeunes allaient de plus en plus côtoyer leurs aînés, où débutant en quête de devenir, croiser le canon de course à pied, où les objectifs de santé, de performance pourront se mêler.

 

 

Et puis qui sait, la mode vestimentaire étant cyclique, peut être que le style 90’s reviendra un jour hanter les magazines et je pourrais aller emprunter les vêtements à mon oncle … comme quoi il ne faut pas se moquer trop vite des gens qui font des choses inattendues. C’est sans doute ce que je dirais à mes neveux si un jour, effrontés et pleins de culot, ils venaient à me demander : « Dis tonton, pourquoi tu cours ? » 

 

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